L’omarthrose ou arthrose glèno-humérale correspond à l’usure progressive, jusqu’à sa disparition, du cartilage de revêtement de la tête de l’humérus et de la cavité glénoïdienne de l’omoplate (scapula) en regard. Cette arthrose de l’épaule est moins fréquente que l’arthrose de hanche ou du genou. Mais sa fréquence augmente avec le vieillissement de la population.
L’épaule est mobile grâce aux tendons qui forment la « coiffe des rotateurs ». Lorsque celle-ci est intacte, l’arthrose de l’épaule est traitée par une prothèse dite « anatomique ». Le chirurgien remplace la tête de l’humérus par une surface métallique de forme identique qui va s’opposer à une glène implantée en lieu et place de la glène usée. Mais lorsque les tendons ont disparu, la tête de l’humérus tend à s’excentrer progressivement. La mise en place d’une prothèse « anatomique » conventionnelle ne permet pas à l’épaule de retrouver une fonction normale puisque les « moteurs » ont disparu. La prothèse d’épaule « inversée » mise au point par le Français Paul Gramont à la fin des années 70, modifie la biomécanique originelle de l’épaule : elle change le centre de rotation de l’articulation et utilise le seul muscle moteur disponible pour animer la mobilité : le deltoïde. Sa mise en place est toutefois plus complexe qu’une prothèse « anatomique ».
Un logiciel de planification 3D préopératoire permet au chirurgien de simuler la pose d’une prothèse d’épaule à partir des données numériques obtenues grâce un scanner préopératoire du patient. Après « virtualisation » de l’omoplate, ce logiciel permet de positionner l’implant de façon idéale et de repérer précisément le site d’implantation. Le praticien peut ainsi affiner sa planification en choisissant le meilleur implant, jusqu’à obtenir la meilleure image architecturale.
Durant la convention de mars 2017 de l’AAOS (American Academy of Orthopaedic Surgeons), mon associé Stephane Romano et moi-même avions pu tester le dispositif proposé par BlueOrtho® et diffusé par Exatech®. Outre le logiciel de planification préopératoire, le système comporte un dispositif de navigation peropératoire, une sorte de GPS chirurgical.
Au cours de l’intervention, l’épaule préalablement « virtualisée » est affichée sur un écran, face au chirurgien. Un outil connecté stérile lui permet de « voir » précisément la « vraie » épaule et l’implantation idéale de l’outil puis de l’implant selon le schéma qu’il a lui-même planifié.
La clinique Victor Hugo est devenue cette année un des centres de référence pour l’utilisation de cette prothèse « géolocalisée ». C’est un progrès majeur dans la fiabilité technique de cette chirurgie prothétique.